• Bonjour Jabroun,

    Ou plutôt bonsoir, parce qu'il va être l'heure de dormir, une des plus belles activités qui soient données à l'homme de (pas) faire, et à laquelle seuls les bébés comme toi et certains rares adultes comme ton tonton savent s'adonner avec le sérieux nécessaire. Alors pour arriver au dormir (il y avait un gros monsieur qui disait plein de gros mots intelligents, même qu'il s'appelait Rabelais, eh ben il a dit aussi "j'aime le dormir au matin" ; c'est pas un gros mot, c'est pas spécialement intelligent, mais c'est bien), alors pour arriver au dormir, il y a comme tu le sais, l'étape juste avant, qui est très bonne aussi, même délicieuse des fois : le s'endormir. Alors un des s'endormirs qui est bien, c'est le s'endormir avec de la musique. Il y a même des musiques (avec des chansons aussi) qui sont faites exprès, même qu'on appelle ça des berceuses. Celles de Montserrat Figueras sont très belles par exemple. Tiens, écoute celle-là : Télécharger « mod_article3777121_1.mp3 »

     Allez, nanni, tawwa (bisou sur ton front délicat) 

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  • Bonjour Jabroun,

    Comme tu ne sais pas encore lire (vu que tu sais plein de choses que nous on sait pas, et que peut-être tu n'en as pas besoin, et que peut-être aussi tout ce qu'on va te dire t'intéressera pas beaucoup, mais sait-on jamais), comme tu ne sais pas encore lire, je vais demander à ma soeur (qui se trouve être ta mère depuis peu) de te lire le texte qui suit. Alors pourquoi ce texte, me demandes-tu d'emblée. Tu n'as peut-être pas encore eu l'occasion de l'observer, mais nous avons, nous, l'habitude curieuse d'embrasser le pain tombé par terre (après l'avoir ramassé, quand même). Le pain rassis, on ne le jette pas, mais on le dépose f-es-sâs, le long d'un mur, dans un coin, là où, à l'abri, il pourra être consommé par d'autres êtres vivants (les fameux hôsh, par exemple, qui sont simplement des piaffes). Bref : pourquoi tant de respect pour le pain ? Eh bien parce que faire du pain, c'est pas de la tarte ! (même si la tarte, c'est encore plus difficile à faire que le pain, mais tu verras, les adultes sont pétris de contradictions [<-- ça, c'est un jeu de mots ; c'est des trucs qui les font rire]).

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    Et pour illustrer mon propos (à part, bien sûr, cette jolie image que Millet il a dessinée avec de la peinture et que ça s'appelle L'Angélus), je te propose ce texte où il est question de Robinson Crusoé pour qui, tu verras, travailler pour gagner son pain n'est pas une vaine expression :

     

    "Dans le célèbre manuscrit de Daniel Defoe, Robinson Crusoé répartissait régulièrement son temps entre toutes les occupations quotidiennes qu’il s’était imposées. Tels étaient ses devoirs envers Dieu auxquels il vaquait sans faute pour sa subsistance.

    De novembre à décembre, attendant sa récolte d’orge et de riz sur son petit terrain qu’il avait labouré et bêché, il observait ses semailles qui n‘équivalaient pas à un demi picotin.

    Bref, il la fit à sa manière, car il sciait les épis, les emportait dans une grande corbeille qu’il avait tressée, et les égrenait entre ses mains. A la fin de toute sa récolte, il trouvait que le demi-picotin qu‘il avait semé avait produit près de deux boisseaux de riz et environ deux boisseaux et demi d‘orge.

    Pour lui, cela fut un grand sujet d’encouragement. Il pressentait qu’à l’avenir, cela aurait plu à Dieu qu’il ne manque pas de pain. Toutefois, il n’était pas encore hors d’embarras. Il ne savait comment moudre ou comment faire de la farine de son grain, comment le vanner et le bluter. S’il ne parvenait pas à faire de la farine, il n’avait aucune idée comment il pourrait fabriquer le pain et comment il pourrait le faire cuire.

    Toutes ces difficultés, jointes au désir qu’il avait une grande quantité de provisions pour assurer sa subsistance, il décida de conserver sa récolte entière pour les semailles de la saison prochaine. Il consacrait ainsi toutes ses heures de travail à accomplir le grand œuvre de se pourvoir de blé et de pain.

    C’est alors qu’il pouvait dire avec vérité qu’il travaillait pour son pain. N’est-ce pas chose étonnante, et à laquelle peu de personnes réfléchissent, l’énorme multitude de petits objets nécessaires pour entreprendre, produire, soigner, préparer, faire et achever ce seul article : le pain.

    Quand le blé fut en herbe ou monté en épis, il lui fallut un moulin pour le moudre, des sacs pour bluter la farine, du levain et du sel pour pétrir et un four pour faire cuire le pain.

    Il n’avait aucun de ces choses essentielles et cependant son blé fut, pour lui, une source de bien-être et de consolation. Ce manque d’équipements rendait toute opération lente et pénible. Résigné à tout, il travaillait avec patience, et l’insuccès ne le rebutait point.

    C’est au logis, tandis qu’il pleuvait et que Robinson Crusoé ne pouvait mettre le pied dehors, qu’il s’occupait de la matière qui va suivre. Cela tout en observant que pendant qu’il était à l’oeuvre qu’il s’amusait à causer avec son perroquet, et à lui enseigner à parler.

    Alors il avait une grande affaire sur les bras. Il avait songé depuis longtemps à n’importe quel moyen de se façonner quelques vases de terre, dont il avait un besoin extrême. Mais il ne savait pas comment y parvenir. Considérant la chaleur du climat, il avait découvert l’argile et décida alors d’en fabriquer un pot durable, qui séchait au soleil, pour être manié et utilisé afin de préserver les ingrédients. Comme il lui fallait des vaisseaux pour la préparation du blé et de la farine qu’il allait avoir, il résolut d’en faire quelques-uns aussi grands qu’il pouvait.

    De façon maladroite, il avait modelé cette glaise, il fit des vases difformes, bizarres et ridicules.

    Toutefois, le soleil les ayant bien cuites et bien durcies, il les soulevait très doucement et les plaçait dans deux grands paniers d’osier.

    Mais tout cela ne répondait point encore à ses fins, qui étaient d’avoir un pot pour contenir un liquide et aller au feu. Au bout de quelque temps, lorsqu’il fit rôtir de la viande au feu, il trouva, dans le foyer, un tesson d’un de ses pots de terre cuit dur comme une pierre. Ainsi, il se dit qu’assurément sa poterie pourrait se faire cuire.

    Cette découverte lui encourageait à rechercher comment il pourrait disposer de son feu pour y cuire quelques pots. Il n’avait aucune idée du four dont les potiers se servent, ni de leurs vernis, et il avait pourtant du plomb pour en faire. Il plaçait donc trois grandes cruches et deux ou trois autres pots, en pile les uns sur les autres, et il allumait un feu de bois.

    Il maintint le feu à un certain degré pendant cinq ou six heures environ. Il diminua donc son brasier, jusqu’à ce que ses pots perdissent leur couleur rouge. Ayant veillé toute la nuit pour que le feu ne s’abatte point trop promptement, il obtint trois excellentes cruches.

    Il eut un nouvel embarras pour se procurer un mortier de pierre afin de piler ou d’écraser le blé. Il avait passé plusieurs jours à chercher une grosse pierre assez épaisse pour la creuser et faire un mortier mais en vain. Ainsi, il utilisa un grand billot de bois.

    Sa difficulté suivante était de faire un blutoir pour passer sa farine et la séparer du son et de la baie, sans quoi il ne voyait pas la possibilité de faire du pain. Cette difficulté était si grande qu’il ne voulait pas même y songer. Il n’avait rien pour faire un tamis, ni un canevas fin et clair, ni une étoffe à bluter la farine à travers. ll resta là pendant plusieurs mois sans savoir quoi faire vraiment. Le linge qui lui restait était en haillons. Il avait bien du poil de chèvre, mais il ne savait ni filer ni tisser.

    Il songea à la boulangerie, et comment faire le pain dès qu’il aurait obtenu du blé, d’abord il n’avait point de levain.

    A la fin, il trouva la solution : il fit quelques vases de terre très larges et peu profonds et les fit cuire sur le feu. De cette manière, il réalisa la production de ses pains d’orge. Ainsi, il était devenu un vrai pâtissier en très peu de temps car il fit des gâteaux de riz et des puddings. Toutefois, il n’avait pas voulu préparer des pâtés vu qu’il devait les fourrer à la chair d’oiseaux et à la viande de chèvre."

     


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